Natacha Polony
Le Conseil européen de cette semaine révèle l'état désastreux où se trouve l'Union européenne
-22/12/2025- Sur la question épineuse de l'accord de libre échange avec le Mercosur, aucune solution de long terme n'a été trouvée. Le voyage de Mme von der Leyen en Amérique du Sud a donc été reporté. C'est un moindre mal, mais cela pourrait ressembler pour la France aux derniers mots de Mme du Barry face à la guillotine : "encore un moment, monsieur le bourreau." Il est fort probable que les adversaires de cet accord n'aient obtenu que ce répit, afin de ne pas exciter encore plus la colère des agriculteurs, qui souffrent déjà des abattages massifs de troupeaux de bovins (dus à l'impéritie du Gouvernement, mais c'est un autre sujet).
Sur la question de la saisie des avoirs russes, c'est là encore une solution provisoire et insatisfaisante pour tous qui a été adoptée : un gel permanent d'une part, et un emprunt collectif d'une partie des États membres d'autre part pour prêter à l'Ukraine – prêt qui ne sera jamais remboursé, car il est rare que ceux qui réussissent à imposer leur volonté paient des réparations de guerre...
Ces deux sujets illustrent le fait que l'Union européenne n’arrive pas à être une puissance capable de mener une politique étrangère cohérente ; que "l'intérêt général européen" n'existe pas, car les intérêts des nations divergent ; que l'argument éternel selon lequel « l'union fait la force » est un sophisme : encore faut-il être d'accord sur ce que l'on veut faire. Ce Conseil européen est celui de la révélation des contradictions d'une construction irréaliste qui a cru qu’en niant les problèmes, on les effaçait.
Un exécutif qui défendrait les intérêts de la France en tirerait les leçons : l'Europe du traité de Rome, qui favorisait l'agriculture française et protégeait le marché commun par des tarifs douaniers extérieurs, a été détruite par les promoteurs d’une intégration forcée dont l’objet était d’imposer la libre circulation des hommes, des capitaux et des marchandises. Il est temps de trouver avec les nombreux États réalistes un accord pour revenir à une institution rationnelle qui favorise les coopérations mutuellement bénéfiques sans délire démiurgique ni a priori idéologiques dépassés.