Radu Portocala
-22/12/2025- En Roumanie – et j’imagine que c’était à peu près pareil dans les autres pays du paradis rouge – les gens adhéraient au parti communiste pour ne pas être mal vus, pour avoir de l’avancement, pour obtenir quelques avantages - en somme, par opportunisme. Bien entendu, ils n’étaient pas nombreux ceux qui le reconnaissaient sans hésiter. Tous les autres justifiaient leur démarche jugée à juste titre comme immorale par les non-adhérents à l’aide d’une formule qui flottait quelque part entre lâcheté et stupidité : « Je veux changer les choses de l’intérieur ».
Je croyais cette phrase disparue, oubliée, enterrée dans l’immense cimetière des choses gênantes. Eh bien, non. Le très jeune, trop jeune M. Bardella me l’a rappelée sur le ton de profonde satisfaction que prendrait celui qui vient de faire une prodigieuse découverte. Il veut « changer de l’intérieur » l’Union européenne qu’il appelle « maison de la démocratie » juste au moment où cette chose succombe à la tentation de la censure. Diable ! Comme l’histoire se répète ! Comme les phrases stériles se répètent ! Autrefois, on prétendait vouloir changer le parti « de l’intérieur » pour manger un peu mieux que les autres. Mais le parti ne se laissait pas changer – et, d’ailleurs, une fois dedans, les nouveaux membres n’y pensaient même plus. Maintenant, on prétend changer « de l’intérieur » une Union européenne à ce point pervertie que rien ne pourrait faire d’elle une structure normale.
Comme les communistes par opportunisme d’autrefois, M. Bardella a l’air très content de sa trouvaille censée camoufler une des nombreuses pirouettes de son parti. « Oui, semble-t-il dire, nous avons voulu sortir de l’Union européenne, mais nous avons trouvé, entre-temps, une meilleure solution : Nous dirons à nos électeurs que nous restons dedans pour la changer à notre goût. »
C’est, en fin de compte, une sorte de macronisme adapté aux besoins du RN. Mais à quoi d’autre pouvait-on s’attendre ? M. Bardella n’est pas un révolutionnaire. Il est probablement davantage un conformiste ne dédaignant pas les avantages politiques de l’adaptation.