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24 janvier 2023

Vers des jours difficiles ?

Gilles La Carbona

Les nuages s’amoncellent dans le ciel de Macron. Jusqu’à présent, le président s’en est toujours sorti, soit en jouant le pourrissement, soit en affichant un superbe mépris et parfois les deux en même temps. Mais il s’agissait en général d’un problème unique et interne. Cette fois les choses sont un peu différentes. D’abord il y a cette fichue réforme des retraites. Elle pourrait passer en force, ou avec la complicité des LR, puisque ces derniers ont pactisé en « presque secret » avec le pouvoir. Cependant les syndicats ne semblent pas vouloir lâcher du lest et ils ont avec eux au moins 70% des Français, qui ne veulent pas de cette réforme. Ils ont un peu de temps devant eux pour préparer leurs arguments et surtout les salariés, à des blocages de plus en plus durs. Macron pourrait-il supporter une paralysie du pays, même partielle, de plusieurs semaines ? Le pari est osé.

Dans ce cas il lui resterait deux options. Retirer ce texte, que le COR ne cesse de qualifier d’inutile, puisque l’équilibre financier n’est en rien menacé dans l’immédiat du moins, il l’a encore martelé la semaine dernière. S’il fallait 10 milliards pour en assurer la pérennité, on se dit que l’effort n’est pas si dantesque que ça, puisqu’on ne cesse d’inonder l’Ukraine de milliards, pour rien. Ou, seconde solution : faire un référendum. Plusieurs intervenants le réclament, Macron lui-même, l’avait évoqué durant sa campagne. En choisissant cette alternative il ne se dédierait nullement. Bien entendu l’issue du scrutin pourrait l’affaiblir, si elle était négative. Mais connaissant l’homme, il resterait en place, arguant que ce n’est que l’expression du peuple, non un plébiscite sur sa personne. De plus, rien n’est écrit dans la constitution lui intimant l’ordre de démissionner en cas de désaveu. Déjà que ce qui est écrit il s’en fiche, alors ce qui ne l’est pas...

À ce problème, se rajoute celui des effets secondaires des vaccins, de plus en plus difficilement escamotables. Bien entendu la France reste championne en matière de mutisme sur le sujet. L’évitement est de rigueur et quand bien même un certain malaise est parfois palpable chez les journalistes, ils s’en sortent par un silence de circonstance, le regard absent, ou plongé dans des notes imaginaires. Les services des pompes funèbres sont débordés, mais pas de panique, les gens meurent brutalement, mais c’est la faute à pas de chance. Le nombre de bébés mort-nés a explosé, mais la dignité impose qu’on taise tout cela. Jusqu’à quand cet argument suffira-t-il à contenter les familles des victimes, ou les patients blessés à vie après les injections ? Mystère.

Dans « le même temps » Macron semble empêtré avec l’Ukraine. Il a joué les fier-à-bras, s’est permis l’envoi de canons et de chars ALX10, sans demander l’autorisation à l’Assemblée nationale. Il s’est même autorisé à dire qu’aujourd’hui, on ne déclarait plus la guerre, sous-entendu, je fais ce que je veux et l’article 35 de la constitution je l’ai biffé, quand on vous disait un peu plus haut que le texte de la constitution il en faisait son affaire ! Mais ici, la complaisance des journalistes ne le sauvera pas, ni même le 49.3 ou l’alliance LR. Il n’a pas en face de lui des roquets achetés à grands coups de subventions ou de promesses diverses, mais un chef d’État puissant. Il semblerait que la patience de la Russie approche de son terme et l’évocation du don des chars Leclerc a quelque peu énervé Poutine, tant et si bien qu’on a vu le prince président intervenir pour un début de rétropédalage discret, avec la mine déconfite. Les gesticulations seraient-elles sur le point de se terminer, et le temps ne serait plus aux mots ni aux déclarations, mais aux actes ? On sait qu’en la matière, quand le Russie passe ce cap, ça fait très mal.

Le prince président serait donc trop bien corseté dans toutes ces affaires, pour rester serein, d’autant que pour l’un des dossiers, il lui serait impossible de jouer les hautains, les méprisants, il devrait se frotter à la réalité de la guerre et personne n’est prêt. C’est une chose d’envoyer des CRS taper sur des gens désarmés, c’en est une autre d’affronter une vraie armée. On l’a vu dans le Dombas quand les Ukrainiens terrorisaient les populations russophiles, ils jouaient les cadors, dès qu’ils ont eu en face d’eux des soldats armés, ils ont détalé comme des lapins. Il le sait et c’est ce qui le rend maussade. Il ne peut plus rouler des mécaniques, comme avec les manifestants français.

Si l’on cumule ces trois événements qui semblent converger à grande vitesse, on peut penser que les jours qui arrivent vont être très compliqués pour lui. On peut encore ajouter l’inflation galopante. Il devra donc faire des choix. Soit s’entêter sur tous les sujets, et risquer d’entrer ouvertement en guerre avec la Russie, ce qui sonnerait la fin de son quinquennat et sans doute de la France tout court. Soit abandonner les positions les plus inconfortables, la Russie et les retraites. Mais son quinquennat serait quand même bien entamé... quelles seront ses priorités ? Lui seul le sait et encore.