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10 novembre 2023

Le timbre complètement timbré

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire


Ce qu’il y a de réconfortant avec notre régime c’est que nous ne sommes jamais au bout d’une mauvaise surprise et quand la bourde n’est pas du fait de la macronie elle-même, on peut compter sur l’entourage pour rivaliser en bévues. Il y a tout de même des degrés, et là nous avons été servis une fois de plus. Le groupe La Poste a révélé son nouveau timbre à notre vénérable prince Macron II. En grande pompe, la maquette de la nouvelle Marianne a été dévoilée aux officiels. Le grandissime autocrate a validé la planche présentée sans même se rendre compte que la cocarde de Marianne était celle de la Grande-Bretagne, avec le petit rond rouge au milieu et non celle de la France, avec le petit rond bleu au milieu. Ce sont nos voisins qui doivent être contents de cette célébration, la perfide Albion mise à l’honneur, quelle révolution.

Rien ne nous sera donc épargné et la médiocrité, ainsi que l’inculture peuvent, à l’aune de cet événement, se détecter dans tous les rouages de notre république, de nos administrations, ou de nos entreprises publiques, comme l’est La Poste. Dans l’entourage du président personne n’a moufté, c’est déjà révélateur du niveau général de cette clique et chacun a entériné cette bénédiction et l’éloge du travail réalisé par le graphiste Olivier Balez, qui pour la circonstance porte assez mal son nom. Ce ne pouvait être Macron lui-même, dont l’ignorance générale est aujourd’hui connue de tous et ce ne sont pas les mauvais jeux de mots, ou les quelques citations qu’il parvient à glisser de-ci de-là, pour donner le change, qui modifieront cet état de fait. On peut se dire que finalement ce n’est pas si grave attendu que le timbre ne sera édité qu’en vert et blanc, pas de panique, en gros tout le monde se moque de l’ordre des couleurs, pourtant hérité de la Révolution et faisant partie de notre patrimoine.

Mais qu’est-ce donc que cela le patrimoine ? L’histoire, mais avec Macron il n’y a plus d’histoire, puisqu’il n’y a plus de territoire, vu ce qu’il entend faire de la Corse et sans doute de tous ceux qui auront l’envie de choisir le même chemin. Non, le pire, c’est qu’avant cet événement, il y a dû avoir une multitude de réunions au sein de La Poste pour valider ce projet. Personne dans le groupe n’a été en mesure de voir l’erreur, c’est dire le niveau de ceux qui président à l’avenir de cette feue grande administration, devenue, en quelques décennies, l’ombre d’elle-même. Affligeant constat. La médiocrité est donc partout, on la retrouve dans absolument tous les domaines. La politique n’échappe pas à la règle, c’est même elle qui donne le tempo, ce sont ces tristes sires qui ont en charge le destin du pays, qui conduisent les réformes, et lancent les grandes orientations. Le gouffre est abyssal et on se demande comment on pourra redresser la barre, tant l’ignorance touche les couches les plus hautes, celles censées être l’élite ?

Tout est à reprendre, puisque tout a sciemment été détruit. Souvenez-vous de ces slogans ravageurs sur la nécessité de moderniser les modèles de recrutement dans la fonction publique jugés has been. L’heure était à la simplification administrative, à la souplesse dans l’embauche. Fini les épreuves obsolètes de rédaction sur un sujet de culture générale, sur un thème juridique, ou d’économie. Non, il fallait s’adapter aux changements et coller au plus près de la réalité du monde. On mesure aujourd’hui le résultat. Les niveaux scolaires ont chuté alors que le nombre de diplômés ne cesse de grimper. Mais y déceler une quelconque corrélation serait mesquin, insultant même. Voir que ces « élites » incultes nous traînent ainsi dans la boue, se gonflent de prétention, nous donnent des leçons de vie ou de probité est insupportable. L’impéritie est devenue la règle, quiconque voudra s’en démarquer sera fustigé, cloué au pilori. Ils ont tellement fait table rase du passé, qu’il n’y a même plus de table. C’est à ce genre de détails que l’on mesure la déliquescence d’une société. Quand on banalise l’ignorance, qu’on l’affiche sans la dénoncer, sans s’excuser, on peut dire que l’élite ne remplit plus qu’une fonction de potiche, profitant du système. La décadence est totale. Ils sont, comme le disait Pagnol, non pas bons à rien, mais mauvais en tout. Pour l’école, engluée dans les problèmes sociaux et sexuels, la tâche est immense.