Gastel Etzwane
14/10/2025
En lisant cet article, on mesure à quel point la « modernisation » administrative s’est transformée en parcours du combattant. Six Français sur dix peinent désormais à effectuer leurs démarches en ligne, et ce n’est pas un hasard : on a remplacé la proximité par des plateformes, les guichets par des formulaires, et l’accueil humain par des messages automatiques.
Il y a quarante ans pourtant, le service public, c’était une réalité quotidienne : des bureaux de poste, des perceptions, des guichets de mairie, des banques locales, des hôpitaux de proximité. Dans chaque village, quelqu’un était là pour renseigner, expliquer, orienter. Les routes étaient entretenues, les services accessibles, l’État visible.
Aujourd’hui, on ferme, on centralise, on dématérialise, mais on continue de prélever. Les impôts, eux, n’ont pas disparu : ils se sont même multipliés et complexifiés. Les taxes locales, foncières, environnementales ou sur l’énergie pèsent toujours davantage, tandis que les contreparties concrètes se réduisent comme peau de chagrin. Autrefois, chaque franc prélevé se voyait : dans une école, une poste, une route. Aujourd’hui, chaque euro semble s’évaporer dans un nuage de procédures numériques et de promesses administratives.
Les citoyens se sentent perdus, abandonnés dans un labyrinthe fiscal et numérique où l’erreur se paie d’un dossier bloqué ou d’une majoration automatique. Alors oui, on peut se demander sans provocation : était-ce vraiment un progrès, ou simplement la disparition silencieuse du service public, remplacée par la fiscalité sans visage d’un État dématérialisé ?
