Translate

1 janvier 2024

MEILLEURS VOEUX

Gabriel Nerciat

Chers amis, j'en ai un peu assez d'entendre tout le temps que tout va mal, et que 2024 va être forcément une année effrayante pire encore que celle qui s'achève ce soir.
Nul n'en sait rien, et il ne tient qu'à nous de faire en sorte que ce ne soit pas le cas, au moins partiellement.
D'ailleurs, allez savoir : peut-être qu'il y aura aussi de très bonnes nouvelles l'an prochain.
Des victoires savoureuses, des évènements inattendus et des retours prolifiques.
Bref, je vous souhaite à vous tous ainsi qu'à vos proches du fond du cœur une excellente année - comme du reste je me la souhaite aussi à moi-même.

Et si on essayait d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple ?

Anne-Sophie Chazaud

Je me souviens de combien m’avait bouleversée cette citation de Prévert dans la bouche de Jean-Louis Trintignant, si digne à la ville comme à la scène, lorsqu’il avait reçu avec Mickaël Haneke la palme d’or du Festival de Cannes en 2012 pour le magnifique (et bouleversant, et perturbant…) film «Amour». Elle m’avait frappée par sa beauté et atteinte au plus profond parce que ma propre existence avait été dans cette décennie-là jonchée de tragédies dont je ne ressortais qu’avec le secours d’une très solide dose d’instinct vital reçue en quantité surnuméraire à la naissance et développée jusqu’à l’excès dionysiaque ensuite, que j’opposais non sans une forme d’indispensable rage (laquelle se traduisait d’ailleurs alors, vous vous en souvenez peut-être pour ceux d’entre vous qui me suivaient, par un style d’écriture délibérément violent, revendiquant que la culture et le couteau relevaient de la même étymologie, de celle avec laquelle on sarcle les limites et les contours de nos existences comme de nos frontières collectives - du moins devrait-ce être le cas -, ce que toute une tripotée de petits bourgeois des internets et d’ailleurs, bien au chaud dans leurs mornes existences grisâtres, ne risquaient pas de beaucoup comprendre…).
Bref, je me souviens, donc, de combien cette phrase qui résume à elle seule toute la sagesse du monde, m’avait frappée et portée, lorsque parfois la tentation de l’abattement, de baisser les bras, de dire «à quoi bon ?», du renoncement, se faisait trop forte.
En réfléchissant à comment il était possible, dans les temps troublés que nous traversons au plan collectif, indépendamment de nos éventuels heurs ou malheurs personnels, de vous souhaiter une bonne année, je me suis aperçue que c’était de nouveau cette citation qui s’imposait à moi et que je souhaitais partager avec vous.
Il n’est pas facile de se souhaiter le cœur insouciant et léger «bon réveillon, bonne année» alors même que le monde sombre avec détermination et opiniâtreté dans un chaos qui semble d’autant plus important et généralisé qu’il «bénéficie» de la surmédiatisation propre à l’époque hypnotique des chaînes de désinformation en continu et des médias dits sociaux. Car, après tout, si la guerre semble vouloir faire rage comme souvent cette forme de prurit collectif s’emparant des sociétés humaines à intervalles réguliers, il n’en demeure pas moins que d’importants conflits faisant des millions de morts au total n’ont pas cessé d’exister depuis l’après Seconde Guerre mondiale (Corée, Vietnam, Afghanistan, Irak, Syrie, ex-Yougoslavie, génocide rwandais, pour ne prendre que quelques exemples non exhaustifs parmi les plus meurtriers…) et je n’ai pas souvenir, par chance, que cela nous empêchait de vivre ou de simplement revendiquer le droit d’être heureux et d’aimer la vie, comme le fait l’humanité depuis qu’elle existe et que tout à la fois elle s’entretue régulièrement et fait l’amour dans le même temps.
Pas facile donc, à l’ère de la surmédiatisation, de se réjouir sans la moindre arrière-pensée, sans une forme pénible de culpabilité, sans la moindre ombre au tableau, pas facile de se dire que tout ira bien l’an prochain. Pas facile lorsque l’on crie de nouveau «mort aux Juifs» dans les rues occidentales après un abominable pogrom psychopathique, pas facile d’avoir non plus foi en l’humanité lorsqu’à ce pogrom répond une punition collective faite exclusivement de bruit et de fureur, frappant sans distinction les terroristes certes, les combattants, mais aussi les femmes, les enfants (tellement d’enfants !), les islamistes certes aussi, sur lesquels je ne verserai jamais le moindre début de larme, mais aussi sur les «simples» musulmans, sur les chrétiens palestiniens ou sur les chrétiens arméniens de Cisjordanie : pas facile de se dire que, si telle n’est peut-être pas l’intention initiale, cela finit tout de même bien par revêtir toutes les caractéristiques du nettoyage ethnique.
Pas facile de songer aux dizaines et dizaines de milliers d’Ukrainiens qui ont perdu la vie sous les balles et les bombes pour défendre leur pays quand on comprend à quel point ils n’ont été que les marionnettes de chair et de sang envoyées au casse-pipe et à la boucherie par des politiques corrompus et des stratèges d’opérette, pour le compte d’intérêts les surpassant très largement et dans lesquels ils n’auront été qu’une triste monnaie d’échange aujourd’hui dévaluée.
Pas facile, en France, de se dire qu’on va vers une «bonne année» alors que nous sommes de toute évidence dirigés par un équipage alliant l’incompétence, la capacité de nuire et le grotesque à un niveau stratosphérique que je n’aurais jamais cru pouvoir observer de mon vivant. Pas facile de se dire que tout va aller bien lorsqu’on se souvient des «émeutes», lorsqu’on réalise que, désormais, dans notre propre pays, il faut mobiliser 90000 forces de l’ordre pour «fêter» le Nouvel An : contre quel ennemi jamais nommé, jamais nommable, un pays normal doit-il mobiliser 90000 forces de l’ordre un soir de fête ?
Il est particulièrement difficile de trouver du sens à tout ce que nous traversons collectivement, difficile également de se contraindre à éviter les lectures binaires, manichéennes, hystériques et brutales de cette actualité.
C’est pourtant cela que je nous souhaite collectivement. L’amour bien sûr, même quand la mort rôde (mais, je le redis, il n’en a jamais été autrement dans l’histoire de l’humanité), la beauté, l’intensité, la puissance, l’intelligence, le goût de l’ingénierie, de l’innovation, de la recherche (plutôt que de céder aux sirènes apocalyptiques et paresseuses des collapsologues de tout poil). L’attention portée à nos proches, notamment à nos enfants que nous devons à la fois protéger contre la folie ambiante mais aussi rendre forts et battants pour le monde costaud, musclé (faut-il finalement s’en plaindre après tant d’années de mollesse et de paresseux nihilisme ?) qui advient.
Alors oui, je nous souhaite d’être heureux, de croire en nous-mêmes, ne serait-ce que pour montrer l’exemple, comme une discipline pour les jours de plomb, ou, tout simplement parce que, souvent, le bonheur est là, à portée de main, pour qui sait le voir, le saisir et l’assumer, oui, l’assumer, avec la dose de sain égoïsme que cela a toujours requis.
Je vous embrasse et vous souhaite donc une très bonne année 2024.
(Comme photo de vœux cette année j’ai choisi cette prise de vue de la lune que j’ai faite lors de la dernière pleine lune de l’année il y a quelques jours, parce que je pense que l’observation de l’univers est non seulement une chose magnifique que j’ai toujours adorée mais qui, surtout, devrait en toute circonstance nous inciter à un peu de modestie et de relativisation quant à nos détestations et nos guerres aussitôt qu’on les observe du point de vue du cosmos : je demeure convaincue qu’à la fin il ne reste, sous forme chimique et/ou spirituelle, que l’énergie d’amour que nous aurons - ou non - laissée dans notre combat contre les forces du mal et de la destruction).
ASC, 2023.

Bonne année 2024

H16

2023 est morte, vive 2024.

L’année 2023 s’est déroulée comme on pouvait s’y attendre, c’est-à-dire que le meilleur restant toujours à venir, le pire s’est étendu sans grande limite.

Pour cette année 2024, souhaitons-la bonne et pour ce qui est des surprises, il est certain qu’il y en aura par paquets de douze : les élections européennes, les Jeux Olympiques de Paris, les élections américaines ne peuvent se passer que comme prévu, c’est-à-dire n’importe comment avec une absence de freins et un petit klaxon qui fait pouët.


Pour le reste, on peut garantir que les Gaïatollah continueront de nous abreuver de leurs terreurs, trop humides, trop sèches, trop froides et trop chaudes et tout ça à la fois, alors même que les saisons continueront de défiler sans souci et les événements climatiques de s’enfiler avec normalité, indépendamment de leurs braillements. La science (la vraie, pas la Science™) continuera de progresser malgré les exhortations des uns et des autres à décroître et disparaître. Et avec un peu de bol, l’Humanité va donc passer une nouvelle année 2024 pleine de rebondissements décisifs.

Que 2024 soit l’occasion pour vous de réaliser de beaux projets, de belles rencontres et de bonnes lectures 😉 !

31 décembre 2023

Halte aux bombardements, halte au massacre !

Jacques COTTA

27/12/2023 - Des dizaines de milliers de morts et blessés palestiniens sont dores et déjà dénombrés dans la bande de Gaza. Le bilan du Hamas et de Netanyahu réunis est terrifiant. L'extrême droite israélienne et les islamistes du Hamas, deux facettes de l'intégrisme politique, se rejoignent sur le corps des populations civiles. La barbarie, les bombardements, le massacre cesseront si une solution politique est dégagée. Et c'est possible !

https://www.youtube.com/watch?v=jcEhFWErSOY

30 décembre 2023

Gastel Etzwane

En France, pays le plus taxé au monde, les hôpitaux publics n’ont pas les moyens de se payer du matériel d’imagerie, et lancent des appels aux dons.
Lunaire et significatif de la gravité du problème.
Il faut tout de même préciser que ces établissements sont en réalité privatisés depuis bien longtemps, aux mains d’actionnaires et de financiers ne cherchant que la rentabilité (d’où la volonté d’avoir des hôpitaux sans cesse « sous tension » et avec des chambres remplies en permanence).
Bienvenue en République Soviétique de France. Vous savez, le pays qui donne des milliards à l’Afrique, à l’Ukraine, à l’Union européenne, mais dont la population sombre dans la misère.

Gilles Casanova

Première femme au monde à passer la barrière des 100 milliards de patrimoine, elle semble nous démontrer que « l’argent ne fait pas le bonheur ».

29 décembre 2023

Denis Cordat

"Tu vois pas qu'on s'aime pas ?"
Alain Souchon a raison, on ne s'aime pas. Jamais, depuis bien longtemps, les Français n'ont été aussi divisés. Tout est prétexte à s'opposer, parfois violemment.
Hier, c'était la vaccination, le professeur Raoult. Aujourd'hui, c'est Israël et la Palestine, l'immigration, l'islam, la laïcité. C'est aussi Depardieu !
Débattre est sain, mais l'important est de voir la forêt derrière l'arbre qui la cache. Pendant que nous affichons nos divisions, sur des sujets importants comme sur des sujets futiles, sans vraiment les hiérarchiser, nos adversaires avancent leurs pions et ils sont unis.
Qui sont-ils ?
- La commission européenne et les européistes qui mettent en place une Europe dystopique, un régime totalitaire, en un mot une dictature.
- Les Frères Musulmans qui, avec patience, tissent leur toile. Les sondages montrent leur influence grandissante dans la communauté musulmane, notamment chez les jeunes.
Il faut être aveugle pour ne pas voir que ces deux adversaires ont des intérêts communs.
Prenons garde ! Désunis aujourd'hui, demain soumis.
Gastel Etzwane

Tout cela ne serait pas nécessaire si on n’avait pas laissé s’installer en France une population qui fait sécession avec les Français. Tout en profitant évidemment du système social français. Double peine pour les Français qui cotisent et payent des impôts : ils doivent payer pour cette population parasite, et en plus ils subissent l’insécurité.

RÉORIENTATION PROFESSIONNELLE

Gabriel Nerciat

Pendant cette période de trêve des confiseurs, je regarde peu la télévision, mais à chaque fois que je suis amené à le faire, je tombe sur la gueule d'une bonne femme porte-parole d'une association féministe subventionnée ou avocate spécialisée en affaires de viols et violences sexuelles, qui demandent toutes la mise au ban immédiate non seulement de Gérard Depardieu, mais de tous les comédiens, écrivains ou metteurs en scène qui ont signé dans Le Figaro la pétition en sa faveur.
Même le Banquier Président est publiquement désigné par ces effrayantes viragos comme le complice institutionnel d'un violeur (sic).
Je n'ai pas compté, mais en moins d'une semaine j'ai dû apercevoir au moins sept ou huit filles de cet acabit, toutes rigoureusement inconnues, toutes plus ou moins hystériques ou incultes et stupides (plus une avocate bègue, il faut quand même le faire), toutes affichant le mépris le plus assumé des institutions démocratiques ou judiciaires et des principes républicains les plus basiques (liberté d'expression, présomption d'innocence, jusques et y compris le fameux sacro-saint "état de droit", d'habitude si cher aux libéraux lorsqu'ils parlent de la Russie, de la Hongrie, de Trump ou de la Chine), toutes considérant que Depardieu ou Weinstein, et pourquoi pas Depardieu ou Fourniret, c'est à peu près la même chose.
Même des journalistes en général assez courageux ou non impressionnables comme le pauvre Périco Légasse face à elles doivent mettre genou à terre, et dire plus ou moins le contraire exact de ce qu'ils pensent.
Cela fait longtemps que j'estime - et la séquence me le confirme de façon aussi évidente que massive - que les ONG et autres associations de promotion des droits des minorités (toutes plus ou moins subventionnées par l'Etat et son complice de violeur en chef) sont devenues dans nos sociétés libérales post-démocratiques exactement l'équivalent fonctionnel de ce qu'étaient les assemblées de Soviets en URSS après l'élimination par Lénine et Trotski des marins de Kronstadt : des trucs totalement bidons, mais qui sont censés donner à l'insaisissable société civile chère aux disciples de Locke et de Tocqueville la même visibilité symbolique qu'aux représentants du monde ouvrier dans l'ancien système communiste ; du moins lorsque ces derniers furent définitivement phagocytés par les dirigeants du Parti unique.
Raison pour laquelle ces filles aussi quelconques et fanatiques qu'intellectuellement médiocres inspirent à leurs contradicteurs supposés et aux journalistes qui leur déroulent le tapis rouge la même crainte implicite qu'un membre du Comité central du Parti communiste dans la Russie des années 1950.
Au moins ces derniers connaissaient-ils en général un certain roulement, en fonction des purges. Ce qui est rarement le cas chez nous aujourd'hui.
Bref, je crois que l'an prochain je vais me réorienter dans ma carrière professionnelle.
Je vais fonder une ONG (il doit bien y avoir une minorité ethnique ou sexuelle quelconque qui n'a pas encore pignon sur rue ; si vous avez une idée n'hésitez pas à m'en faire part) et demander du fric à Xavier Niel ou à Marc Ladreit de Lacharrière pour aller faire sa pub sur BFM-TV et France Télévision.
Non seulement je pourrai impunément injurier Macron devant des millions de personnes, mais je serai payé pour ça !
Le pied, vraiment.
Comment n'y ai-je pas pensé plus tôt, au lieu de bosser comme un croquant dans des entreprises qui ne se soucient pas de la justice dans le monde ni de la dignité de toutes les personnes discriminées et harcelées par des porcs.
J'avoue que j'ai un peu honte de moi, rétrospectivement.

27 décembre 2023

L’immigration

Gilles Casanova

L’un des grands moyens par lesquels le système médiatique organise le mensonge et la propagande à grande échelle, consiste à ne nous montrer qu’une petite part de l’objet dont ils parlent, et à nous proposer d’y réagir émotionnellement, plutôt que de nous présenter rationnellement l’ensemble du phénomène.
Ainsi le débat n’est guère possible : il y a les gentils et les salauds, il y a ceux qui ne comprennent rien et ceux qui ont compris avec le cœur, et en matière d’émotion c’est celui qui fait la plus grosse pression qui l’emporte. Nous pouvons être certains qu’avec les moyens dont ils disposent – 94% des médias –, les milliardaires, unis ou séparés, vont imposer leur loi, leur foi, leur vérité, et le peuple sera une fois de plus escroqué moralement.
Un des sujets dont on parle le plus en ce moment, est tout à fait emblématique de ce processus, l’immigration.
Vous avez les gentils qui crient « Welcome réfugiés » et proposent de donner l’asile à tous ces « combattants de la liberté » qui sont à 92% des hommes, avec un âge moyen de 27 ans, et qui ont eu le courage de laisser les femmes et les enfants sur place face à l’adversité… et vous avez les méchants qui voudraient renvoyer dans leur pays tous ces malheureux qui ont failli mourir plusieurs fois, ont été esclaves, vendus, torturés, pour arriver jusqu’à nous, même si leur pays d’origine n’est pas en guerre, même si ce n’est pas une dictature…
Alors essayons de déconstruire un certain nombre des représentations qui dominent dans le Spectacle émotionnel sur ce sujet, de part et d’autre de ce débat passionnel en trompe-l’œil dont ne peuvent sortir ni clarté, ni vérité, ni solution.
Tout commence par le départ, pourquoi et comment partent-t-ils ?
Nous avons les vrais combattants de la liberté comme Julien Assange ou Edward Snowden, ils ne sont pas très nombreux, mais eux, personne n’a envie de leur donner asile, ni les amis de Bill Gates, ni ceux de George Soros, qui pourtant disent et donnent tant pour les migrants et les ONG qui les acheminent jusqu’ici, comme c’est surprenant…
Nous avons, bien sûr, les vrais réfugiés. Comme lors de la remise du pouvoir aux talibans par les États-Unis d’Amérique, nous avons vu partir, avec toute leur famille, les intellectuels, les artistes et la partie des classes supérieures du pays qui avait fait allégeance ou mis son espoir dans l’occupation occidentale. Cela ne fait pas des millions de gens. Ils sont arrivés, ils ont été accueillis, et leur présence ne posera pas de problème particulier.
Le phénomène principal ce sont les passeurs, ce sont eux qui vont chercher dans les villes et les villages ceux à qui ils vont vendre l’Europe comme un produit de luxe et de rêve, pour lequel ils vont demander aux familles les sacrifices financiers nécessaires, pour assurer l’avenir d’un membre de la famille qui en retour, une fois arrivé dans l’eldorado, financera toute la famille.
Ces passeurs, ils ont d’abord – pour vendre cher leur produit – un dispositif de conviction qui est constitué par une série de règles « morales » que l’Europe s’impose à elle-même, et que, en son sein, la France redouble de ses lois.
En ces temps de crise sanitaire, il y a quelques bons produits. « L'aide médicale de l'État (AME) est un dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d'un accès aux soins » déclare le site Internet du service public. Vous imaginez à quel point cela peut être "vendeur" dans des pays où n’existe aucune sécurité sociale… Si vous y ajoutez que la France – quasiment seule au monde – considère généreusement qu’elle va vous donner un titre de séjour si vous êtes malades d’une maladie que l’on ne peut pas soigner dans votre pays, ou bien dont les traitements sont trop chers pour vous dans votre pays, comme les États-Unis d’Amérique par exemple… vous avez là dans la musette du passeur de quoi rassurer.
Regardons ensuite l’aspect financier : dès qu’ils mettront le pied sur le territoire français ils pourront solliciter l’asile et obtiendront automatiquement l’allocation pour demandeur d'asile (ADA) qui représente plus que le salaire moyen dans un certain nombre de pays de départ (200 à 400 € par personne et par mois), les réseaux de passeurs leur fourniront en outre du travail au noir, et s’ils obtiennent l’asile ou une simple "protection subsidiaire", ils auront accès aux prestations familiales en faisant venir légalement femme et enfants, et ils auront aussi accès au RSA, qui correspond dans leur pays a un très bon salaire. En envoyant la moitié dans leur pays d’origine, ils feront vivre toute leur famille élargie, plaide le passeur.
Les passeurs ajouteront que s’il reste clandestin et n’obtient que des refus pendant un certain temps, de manière automatique, les lois françaises, par exemple, finiront par lui donner des papiers : à l’ancienneté…
Devant un tel tableau, dans un pays où ne règne ni la prospérité ni la démocratie, lorsque vous êtes jeune et dynamique et que vous n’êtes pas parmi les plus pauvres, puisque vous pouvez payer des passeurs, la tentation est grande.
Que nous dit l’Organisation des Nations unies sur ces passeurs ? Elle a fait une longue études sur plusieurs années, et il apparaît que 80% sont membres, ou très proches de l’administration des États de départ ou de leurs forces de sécurité !
Outre l’aspect extrêmement rentable et beaucoup moins dangereux que le trafic de drogue que représente cette industrie criminelle qui brasse des centaines de milliards de dollars par an, il y a le fait – pour les pouvoirs corrompus qui dominent la majorité des États de la planète – que l’on va faire partir ceux qui pourraient structurer une opposition, une résistance, fomenter on ne sait quelle tentative de mettre sur pied une démocratie.
Vous avez donc maintenant l’explication, le pourquoi ce sont des hommes, le pourquoi ils ont moins de 30 ans…
Jusque-là l’histoire est gentillette. Pour que ce soit rentable pour les passeurs, il ne faut pas organiser le voyage pour tous. Si cela se passe en Afrique on va faire le détour par la Libye, où après avoir touché l’argent de la famille au départ, on va vendre le migrant aux trafiquants d’esclaves et l’abandonner en route tout simplement. Double bénéfice !
Pour le candidat à la migration commence alors un enfer, vendu comme esclave il va connaître les pires traitements imaginables. C’est alors que – s’il survit, ce qui n’est pas toujours le cas – Il va avoir "la chance" de rencontrer d’autres passeurs, qui ne sont pas très différents des premiers et vont lui proposer d’aller demander à sa famille un supplément d’argent pour le racheter au marchand d’esclaves et l’acheminer jusqu’au paradis, en Europe.
Si la famille paye, on le sortira de l’esclavage, pour le mettre sur une coquille de noix que l’on jettera sur la Méditerranée avec un espoir assez faible de survie, et la promesse de rallier les côtes italiennes.
À quelques centaines de mètres, ou à quelques kilomètres de la côte libyenne, les passeurs abandonnent les migrants sur de frêles esquifs qui n’ont que peu de chances d’atteindre les côtes italiennes avec tous leurs passagers en vie.
C’est là qu’intervient le joker des passeurs.
Devant les côtes libyennes passe la route la plus directe et donc la moins coûteuse pour les milliers de porte-conteneurs et autres pétroliers qui relient l’Asie à l’Europe, en passant par le canal de Suez. Les règles maritimes font obligation à ces énormes bâtiments de s’arrêter ou de se dérouter pour sauver des personnes en danger de mort dans les eaux qu’ils traversent.
Leurs armateurs, pour des raisons financières évidentes, vont financer massivement des organisations non-gouvernementales (ONG) qui se sont généreusement fixé comme perspective de sauver d’une mort certaine les migrants que l’Europe, mère blafarde, contraint à traverser ainsi la Méditerranée, alors qu’elle pourrait tout simplement leur ouvrir ses portes et ses frontières puisque finalement toute notre richesse c’est à eux ou à leurs ancêtres racisés et colonisés que nous l’avons volée…
Les passeurs ont le téléphone des ONG, qui ont le téléphone des passeurs et ainsi sauvent des vies qu’ils ramènent, parfois sous le feu des caméras dans les ports du sud de l’Europe, toute l’année.
Une fois arrivé en Grèce ou en Italie, ce n’est pas là que va se trouver l’eldorado, mais en France, en Allemagne ou en Grande-Bretagne, il va donc falloir au migrant faire encore beaucoup de route dans des conditions difficiles et rencontrer d’autres passeurs qui lui feront traverser les Alpes, la Manche… là encore au péril de sa vie, et pour beaucoup d’argent.
Une fois arrivé à Paris, où à peu près la moitié des inscriptions pour demande d’asile françaises se font, le jeune migrant, survivant, après avoir été recru de tant d’épreuves, de tant de malheurs, de tant d’humiliations, va être prêt à accepter, dans n’importe quelles conditions, n’importe quel travail, dans le but d’envoyer un peu d’argent à sa famille pour montrer qu' "il a réussi".
Car, au fond, c’est le plus important, plus que de trouver un confort personnel, montrer à sa famille qu’elle n’a pas fait tous ces sacrifices pour rien, et c’est pourquoi, malgré tous les efforts des autorités, on note que probablement la moitié de l’argent donné à ces migrants pour survivre, est envoyé au pays.
Ensuite tous les trafics, de main-d’œuvre clandestine, de logement indigne, de travail comme coursier chez Uber où il faudra partager la moitié de l’argent gagné avec celui qui disposant de papiers vous cédera son identité pour travailler, tout cela va pleinement pouvoir s’épanouir.
Dans le même temps, des associations, largement financées par l’État pour leur travail "humanitaire" vont apprendre à ces jeunes hommes le discours qu’il faut tenir pour apparaître un "réfugié" crédible, il y a toute une série de scénarios très bien construits qui sont proposés à ces jeunes hommes pour les tenir aux personnes de l’Ofpra qui vont décider de l’attribution ou non de l’asile. Il n’auront à ajouter à ces récits que la réalité de l’enfer sur terre qu’ils ont effectivement vécu sur la route…
Ils vont aussi les instrumenter pour faire des manifestations de rue en leur faisant croire qu’ils vont perdre leur logement s’ils ne quittent pas immédiatement l’hôtel dans lequel ils sont logés, pour aller s’asseoir sous une tente sur la place de l’Hôtel-de-Ville… Ou dans une autre manifestation de ce genre.
Puis cette masse de migrants sera jetée contre le mouvement ouvrier et syndical pour en briser la puissance, la force, les traditions et les conquêtes, par sa capacité à tout accepter – après ce qu’ils ont vécu – et permettre donc aux grands employeurs – par le biais de sous-traitants – de faire baisser massivement le prix de la force de travail.
Vous voyez comment à chaque étape on peut faire pleurer Margot sur des malheurs bien réels que connaissent les malheureuses et les malheureux qui se sont laissés entraîner dans cet engrenage.
Vous voyez aussi comment on peut leur donner aussi une image de voleurs et de profiteurs absolus, si l’on veut regarder les choses de l’autre côté en leur imputant, à eux, la responsabilité de ce contre quoi ils ne peuvent plus grand-chose, une fois ici…
Victimes absolues ou privilégiés cyniques, Aucune de ces deux lectures émotionnelles ne permet de sortir de cette impasse. Ce sont pourtant les deux seules lectures qui sont offertes, alternativement, par le système médiatique.
Mais tout ce processus est organisé, pensé, et il profite à chaque étage à des acteurs, milliardaires simples petit-bourgeois, ou hommes de main du lumpenprolétariat, qui vont essayer d’en donner une image dans laquelle ils auront le beau rôle dans la société du Spectacle, que ce soit pour favoriser ou pour condamner. Ceux qui paient pour cela – bien plus nombreux –, ils se trouvent parmi les malheureux qui arrivent, comme parmi les catégories populaires ici, qui sont les premières victimes de tout ce dispositif.
Et vous voyez donc comment en utilisant l’émotion et non la raison, on peut égarer aisément le téléspectateur, le lecteur, l’auditeur…