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29 août 2023

Coquillages et crustacés

Lola-Jane Brooks

Chers amis, l'heure est graaaaave.
Si je ne vous ai point donné de nouvelles ces derniers temps, c'est que j'étais partie me mettre au vert dans un charmant club de vacances, le Bourla Parks de Montcuq, un lieu exclusivement réservé aux bons conscitoyens de ce pays.
Pour pouvoir réserver son séjour, il fallait montrer patte blanche, à savoir, les preuves d'au moins 4 vaccinations covid, ainsi que les copies de ses bulletins de vote LREM depuis 2017.
Autant vous dire qu'avec mes 7 doses et ma carte d'électeur dédicacée par Olivier Variant, j'ai bénéficié d'un statut de VIP !
J'ai ainsi obtenu une boîte de gants jetables gratuite, un coupe-fil pour ma prochaine dose et trois animations offertes.
Puisque j'aime côtoyer les Cymes, j'avais opté pour une cabane dans les arbres. Celle-ci s'avéra tout confort avec purificateur d'air, capteur de CO2 et néonicotinoïde en spray contre les insectes.
Heureusement, j'avais bien pris soin de me vacciner contre la variole du singe, ayant lu que les primates étaient particulièrement friands de Montcuq, au cas où l'un d'entre eux se serait aventuré dans mon arbre.
Mes journées étaient bien cadrées.
La matinée commençait par une salutation au Soleil, à savoir, notre Être de Lumière, Emmanuel Macron, suivie d'une prière à Saint Pfizer pour le remercier de m'avoir permis de passer l'hiver.
Je dégustais ensuite un délicieux café allongé à la paille, à travers mon masque, le covid ne s'attaquant qu'aux irresponsables en position verticale.
Je me dirigeais ensuite vers le cœur du domaine, pour découvrir les activités du jour.
J'optais pour un massage au gel hydro-alcoolique orchestré de doigts de maître désinfectés par Mathias Wargonlit, un macroniste octodosé adorable, leader du mouvement "la piqûre pour tous".
Puis, je me dirigeais vers la plage dynamique, munie de ma planche javellisée, de ma combinaison intégrale et de mon FFP2, afin de surfer sur la 78ème vague.
La chaleur pluviale étant torride, je n'oubliais pas de me rafraîchir grâce aux divers flyers gouvernementaux, en sirotant mon cocktail Paxlovid sous mon parapluie.
Après avoir mangé mes 5 fruits et légumes, réalisé mes 10 000 pas quotidiens et regardé BFM TV, je me plongeais avidement dans mes lectures.
J'avais ainsi pris soin d'emporter dans mes bagages, "Vague à l'âne", la biographie émouvante d'Olivier Variant, "Un rein vaut mieux que deux, tu l'auras" du néphrologue de plateau, Gilbert De Ray Du Qrcode, et "Lard d'assaisonner le cochon" par Emmanuel Lechypre-Bridoux.
Poussée par l'animatrice Ursula - une sexagénaire allemande, un peu trop accro aux SMS à mon goût -, je pris part à un concours de masques mouillés.
Je me lançais même dans l'élection de Miss Seringue où je fus élue 2ème dauphine, battue d'une dose d'avance par Anne-Claude La Crémière, au sourire irrésistible.
L'après-midi était consacré aux jeux de fléchettes et au tir à l'arc où il s'agissait de marquer le maximum de points en visant les photos d'odieux antivax, tels que Novax Nocovid, Zaz ou Isabelle Adjani.
Le soir, j'assistais à des séances de cinéma en plein air avec mes acteurs préférés : Karine Viard, Didier Bourdon ou François Cluzet.
Avant de me coucher, je ne manquais pas de montrer ma lune à Bruno-Rocco Lemaire pour qu'il comble le trou de la sécu, à défaut de provoquer l'effondrement de l'économie russe.
Autant vous dire que j'ai passé de merveilleuses vacances covidistes, loin des miasmes des méchants vilains antivax.
J'ai rencontré de formidables amis ségrégationnistes, immortalisés sur mes photos de vacances.
Malheureusement, toutes les bonnes choses ayant une fin - à l'exception des doses de vaccin covid - je fus contrainte de rentrer et de retrouver mon triste quotidien, entourée d'illettrés irresponsables n'étant pas encore allés tendre leur bras pour recevoir leur sainte onction anti-variant Eris.